La route du pays du sel
Sous nos pieds, nos sous-sols recèlent un vaste et abondant gisement de sel. Ce don de la nature marque l’histoire et le paysage de notre territoire depuis des millénaires ! Entre les départements de Meurthe-et-Moselle et Moselle, la route du pays du el est une proposition d’itinéraire pour découvrir l’histoire de son exploitation qui débuta à l’âge du fer et qui perdure encore aujourd’hui.
L’emprunter, c’est partir à la découverte de paysages uniques façonnés par l’exploitation du sel, de musées thématiques et de salines encore en activité. La parcourir, c’est aussi découvrir des pépites du patrimoine, s’adonner à des activités de pleine nature, et goûter à des plaisirs œnologiques*.
En route pour une escapade insolite !
Morey
A 305 mètres d’altitude, le château de Morey surplombe la vallée de la Natagne. Ancienne demeure des ducs de Lorraine du 16ème siècle, c’est un site unique et authentique chargé d’histoire. Si le lieu appartient au domaine privé et n’est pas ouvert à la visite, on peut aisément le contempler depuis la route en contrebas.
Manoncourt-sur-Seille
La vallée de la Seille compte de nombreux châteaux et maisons fortes, destinés à protéger l’entrée dans la vallée et ses précieux gisements de sel.
Les membres de la famille Marcol, seigneurs de Manoncourt, font construire au 16ème siècle ce château avec son parc de 3 hectares. Détruit en grande partie au cours de la Première Guerre mondiale, il est reconstruit en 1919-1920 par Monsieur Colin, un riche industriel de la région. Le château de Manoncourt est alors également appelé La Maison Colin. On doit à Louis Guingot, artiste, inventeur et membre de l’Ecole de Nancy, la réalisation de majestueuses fresques qui décorent la salle des fêtes du château. La charpente intérieure est signée Emile Gallé.
Un peu d’histoire…
Il y a plus de 200 millions d’années, une mer recouvrait ce territoire aujourd’hui partagé entre les départements de Meurthe-et-Moselle et Moselle. Evaporée, elle a légué un immense gisement de sel ! On retrouve des traces d’une proto-industrie qui débuta vers 800 avant J.-C. du côté de Salonnes et Marsal et qui se poursuivra pendant 500 ans ! Dès le Moyen Age, le sel du Saulnois est une richesse et un enjeu de puissance ; plusieurs dizaines d’abbayes l’exploitent dans la vallée de la Seille. La lutte pour le contrôle et la possession des salines du Saulnois durera plusieurs siècles, jusqu’au rattachement du territoire au duché de Lorraine, puis à la France au 17ème siècle.
La création du canal de la Marne au Rhin en 1853 ouvre l’exploitation industrielle à d’autres territoires. En 1871, le sel du Saulnois passe sous le contrôle de l’Empire allemand. En réaction côté français, un développement de l’industrie saline s’organise dans la vallée du Sânon, grâce au canal de la Marne au Rhin. De nombreuses salines sont créées à cette époque. Elles ont constitué, pour quelques-unes jusqu’au seuil des années 1960, une activité importante de l’économie locale.
Nomeny
Arrosée par la Seille, Nomeny dépendait de l’évêché de Metz avant d’être incorporée au duché de Lorraine en 1612. Si l’ancienne ville de Nomeny fut fortifiée jusqu’au 17ème siècle, ses remparts furent détruits sur ordre de Richelieu et sa forteresse romane fut démantelée sur ordre de Louis XIV. Quant au château gothique, il servit de carrière pour la construction des casernes de cavalerie du duc de Lorraine Stanislas Leszczynski ! Subsistent aujourd’hui les vestiges de tours et courtines, de fossés de la forteresse ainsi que les pavés de la cour du château.
Aulnois-sur-Seille
C’est l’évêché de Metz qui fit construire ici aussi une maison forte. Transformé et agrandi au cours des siècles suivants, le château d’Aulnois-sur-Seille propose une architecture qui reflète la finalité de l’édifice : de château défensif à une résidence plus luxueuse et confortable. Le site accueille aujourd’hui une école maternelle et primaire.
Delme
La côte de Delme
Du haut de ses 403 mètres, la côte de Delme offre un superbe panorama sur le Saulnois et la Nied. Classée Réserve Naturelle Régionale, on y trouve deux secteurs de pelouses calcaires où poussent des orchidées sauvages mais aussi une végétation de type méditerranéen à l’image du thym serpolet. De nombreuses espèces de papillons, oiseaux et reptiles ont également élu domicile sur cette butte-témoin.
Un sentier de randonnée agrémenté de tables d’orientation permet d’apprécier pleinement ses paysages et son écosystème unique.
Le centre d’art contemporain
Le centre d’art contemporain est situé dans l’ancienne synagogue de Delme. Lieu atypique, il accueille plusieurs expositions par an et une résidence d’artistes. Ces derniers sont invités à développer des projets spécifiques pour le lieu et les œuvres sont souvent produites sur place. Depuis son ouverture en 1993, le centre d’art a développé une identité forte et singulière.
Vic-sur-Seille
Le château des évêques
Vic-sur-Seille a possédé jusqu’à l’époque médiévale, des salines prospères. En 1200, un puissant château fort est construit par l’évêque de Metz pour les protéger des convoitises de ses voisins. Si les destructions se sont accumulées depuis 1815, le château constitue aujourd’hui une belle ruine romantique. On peut néanmoins toujours admirer la nouvelle porterie de style gothique flamboyant édifiée au début du 16ème siècle.
L’hôtel de la Monnaie
La ville a été choisie par les évêques de Metz comme capitale de leur pouvoir temporel. L’architecture de Vic-sur-Seille a fortement été influencée par leur présence. De nombreux artistes rhénans y ont exercé leur art au cours des siècles. A l’image de l’hôtel de la Monnaie datant de 1456 et portant un remarquable décor architectural.
Le musée départemental Georges de la Tour
Vic-sur-Seille est le berceau de Georges de la Tour, l’un des plus grands peintres français du 17ème siècle. L’artiste faisait l’objet de nombreuses commandes de la part du roi Louis XIII et d’une clientèle parisienne importante.
Le musée présente une belle collection de peintures françaises, du 17ème au début du 20ème siècle. Le point d’orgue est l’œuvre la plus singulière du peintre, Saint-Jean-Baptiste dans le désert, reconnue comme une peinture majeure.
Le vignoble de Vic-sur-Seille
La prospérité de la cité a longtemps été liée au sel, mais aussi à la viticulture. Aujourd’hui, ses 8 hectares de vignes font partie de l’aire AOC Moselle et produisent des vins gris, blancs, rouges, tranquilles ou effervescents. Plusieurs domaines vous accueillent pour des visites et dégustations*.
Moyenvic
A mi-chemin entre Vic-sur-Seille et Marsal, arrêtons-nous un instant à Moyenvic. La présence d’une saline y est attestée dès le 9ème siècle. Objet de dispute entre les évêques de Metz et le duché de Lorraine, elle devient française en 1661. En déclin après la Révolution, elle est fermée en 1897. Ne subsiste aujourd’hui qu’un bâtiment, reconstruit à la fin du 18ème ou au début du 19ème.
Marsal
Les mares salées
La présence du sel se manifeste dans la vallée de la Seille, par des mares et prés salés. Ces milieux naturels rares en France et en Europe abritent une flore dite halophile caractéristique des bords de mer dont la fameuse salicorne. Un parcours découverte a été aménagé pour comprendre la formation de ces mares salées tout en respectant les écosystèmes.
La Porte de France
Vestige des fortifications Vauban, c’est l’une des entrées permettant de pénétrer dans l’ancienne cité du sel. En 1699, les salines ferment : l’enceinte fortifiée, dont la Porte de France, perd peu à peu son rôle défensif.
Le musée départemental du sel
Installé dans la Porte de France, le musée retrace l’histoire du sel à Marsal et dans le Saulnois. C’est aussi l’histoire de cette ancienne place forte stratégique qui est contée. Les collections mettent en lumière les techniques de production du sel employées depuis la Préhistoire. Parmi les trésors conservés, on trouve des vestiges archéologiques, des objets religieux et de la vie quotidienne, témoignant de la vie d’autrefois. La scénographie valorise les ouvrages défensifs et propose une reconstitution en 3D de la citadelle telle qu’elle était à l’époque de Vauban.
Les salines royales de Dieuze
Durant des siècles, l’exploitation et le commerce du sel ont été une richesse pour la Lorraine et notamment pour la région du Saulnois qui lui doit son nom. Dès 1408, les salines de Dieuze prennent l’allure d’un bastion fortifié et forment un ensemble urbain séparé. Rattachées au domaine royal en 1737, elles deviennent alors la principale source de production parmi les six salines du royaume. À son apogée, cette activité mobilisait jusqu’à 700 ouvriers.
La visite permet de découvrir le bâtiment du puits salé (le manège), celui de la Délivrance (anciens magasins à sel), le bâtiment administratif et son parc, la porte monumentale du 18ème siècle.
Le domaine de Lindre
A l’Est de Dieuze commence le Pays des étangs. Il présente une diversité de milieux : forêts, cultures, prairies humides, mares, étangs, roselières, cours d’eau très ramifiés. C’est un important lieu de passage des oiseaux migrateurs.
Intégré au Parc Naturel Régional de Lorraine, le domaine de Lindre est classé Espace Naturel Sensible (ENS) et couvre 1 000 ha. Ce havre de paix se compose d’une douzaine d’étangs piscicoles. Deux observatoires ornithologiques permettent d’appréhender les 250 espèces d’oiseaux qu’accueille le domaine, parmi lesquelles les grues cendrées. Des sentiers de découverte vous permettent d’apprécier ce milieu unique.
Tarquimpol
Posé sur la presqu’île de l’étang de Lindre, Tarquimpol est un ancien site gallo-romain, aujourd’hui l’un des plus beaux villages lorrains. Son joli patrimoine se compose notamment de l’église Saint-Etienne et sa tour ronde romane du 12ème siècle, et du château d’Alteville. .
Bures
L’Espace Naturel Sensible de l’étang de Parroy
Quittons le Saulnois pour rejoindre un autre territoire dont l’histoire est intimement liée à l’exploitation du sel : le Pays du Sânon.
En arrivant à Bures, c’est de nouveau un paysage d’étangs qui se dévoile. Classé Espace Naturel Sensible, l’étang de Parroy est à découvrir le long d’un sentier pédagogique. Agrémenté de panneaux d’informations sur la faune et la flore du site, il permet différentes vues sur l’étang et la roselière qui constituent l’habitat naturel de nombreux oiseaux.
La base de loisirs
Dans la partie sud de l’étang, la base de loisirs offre un panel d’activités nautiques et de plein air. Canoë, pédalo, planche à voile : votre escapade au pays du sel prend des airs de vacances !
La V52 et le canal de la Marne au Rhin
Le canal de la Marne au Rhin relie Nancy à Strasbourg. Il offre aux plaisanciers sept ports et haltes fluviales permettant d’accéder aux commerces et d’explorer les environs. La véloroute V52 reliant également ces deux villes, suit la rive du canal.
Le chevalement de sel d’Einville-au-Jard
Les chevalements sont des constructions élancées en bois, édifiées pour protéger un forage. C’est en effet par là que la couche de sel en profondeur est atteinte. Ici, la nappe de sel se trouve à 150 m sous nos pieds. La technique d’extraction est simple : on envoyait de l’eau pour atteindre le gisement et dissoudre le sel. Puis, on faisait remonter le liquide saturé en sel, appelé saumure, via un système de pompage. Enfin, la saumure était acheminée vers la saline qui la faisait évaporer pour en récolter le sel.
Ce chevalement a été reconstitué et déplacé en bordure de la route d’arrivée à Einville. A l’intérieur, du matériel d’époque et une exposition évoque l’histoire des salines dans la vallée du Sânon de 1870 à nos jours.
Dombasle-sur-Meurthe
Au Sud-Est de Nancy, les salines sont relancées au 19ème siècle grâce à la société Solvay, qui met au point le procédé de fabrication de carbonate de sodium à l’ammoniaque. Cet alcali minéral, aussi appelé soude, est employé dans de nombreuses fabrications. L’usine de Dombasle, toujours en activité, est fondée en 1873 pour produire cette soude, avec le sel de Varangéville.
Le haras et le musée de sel à selle à Rosières-aux-Salines
C’est à Colbert que l’on doit l’organisation des premiers haras royaux afin d’assurer la remonte de l’armée. Le haras de Rosières aux Salines est créé en 1767 par le marquis de la Galaizière, représentant du roi de France en Lorraine. C’est l’un des plus anciens haras de France. Il est installé sur l’emplacement des anciennes salines royales, fermées en 1760 après 600 ans d’activité.
Si le haras est aujourd’hui un centre de formation et un complexe équestre, il abrite aussi le musée de sel en selle qui permet de découvrir cette histoire unique.
Saint-Nicolas-de-Port
Le Musée Français de la Brasserie
En activité pendant près d’un siècle, jusqu’en 1985, la brasserie de Saint-Nicolas-de-Port s’inscrit dans une longue tradition brassicole locale. Aujourd’hui, le site est entièrement consacré à l’histoire de la bière en Lorraine et en France, et aux techniques brassicoles. Les bâtiments datent des années 1930 et constituent un bel exemple de l’architecture industrielle de style Art déco. Concluez votre visite par la dégustation d’une bière* spécialement brassée pour le Musée Français de la Brasserie !
La basilique Saint-Nicolas
L’histoire de cet édifice est intimement liée à celle de la région. C’est en effet le duc de Lorraine René II, après sa victoire sur le bourguignon Charles le Téméraire en 1477, qui fit construire la basilique. Elle attire depuis lors, des pèlerins et des visiteurs toujours plus nombreux. De style gothique flamboyant, la basilique est dédiée à Nicolas, le saint patron des Lorrains.
Varangéville
L’ancien prieuré et l’église Saint-Gorgon
A côté de Saint-Nicolas-de-Port, direction la ville de Varangéville. La tour du prieuré est le seul vestige de la première église construite au 9ème siècle et dédiée à saint Gorgon. Au 15ème siècle est en effet entrepris la construction d’un nouvel édifice, l’église que nous connaissons actuellement. En pénétrant à l’intérieur de l’église Saint-Gorgon, on apprécie le principe architectural de l’église-halle : la hauteur de la voûte de la nef et celle des bas-côtés est la même.
Les mines de sel de Varangéville
Les strates de sel, épaisses et planes, ont permis au fil des siècles et des progrès techniques, l’évolution vers une exploitation minière en galerie. Les mines de sel de Varangéville sont les dernières encore en activité en France. Pres de 300km de galeries s’étirent sous vos pieds, abritant un gisement de sel vieux de plus de 230 millions d’années. A 160 mètres sous terre, une expérience insolite vous attend. Accompagné d’un guide, vous découvrez l’histoire de la mine de 1856 à nos jours ! Ici, une quarantaine de mineurs perpétuent chaque jour un savoir-faire ancestral : l’extraction du sel de gemme. Et pour prolonger l’expérience, il vous est même possible de prendre un repas au sein des galeries souterraines !
Haraucourt
La Maison du Sel
Au cœur du bassin salifère, cet espace pédagogique a pour vocation de valoriser l’histoire de l’exploitation industrielle du sel en Lorraine.
Réouverture prévue en 2026.
L’observatoire des effondrements salins
Le paysage est parfois marqué de vastes effondrements, comme ici à Haraucourt. Ils résultent de l’affaissement des cavités formées par l’extraction du sel en saumure. Ce bouleversement de paysage accueille végétation, flore et faune particulières. Il présente aussi un intérêt paléontologique, les falaises révélant des fossiles.
Un observatoire a été spécialement aménagé sur le site. Des jumelles panoramiques et des outils pédagogiques vous permettent de découvrir ce paysage unique.
La nécropole nationale de Courbesseaux
La Meurthe-et-Moselle et la Moselle ont de tout temps été des zones frontalières et victimes des différents conflits mondiaux. Si le village de Courbesseaux a été détruit en 1914, la nécropole nationale est le symbole des combats qui ont endeuillé le secteur du Grand Couronné. Elle abrite aujourd’hui les corps des 2679 victimes de la Première Guerre mondiale.
*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération